Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
la patricienne

je venais vous chercher. Vous descendez, n’est-ce pas ?

— Oui !

Quelques secondes après, Jean Almeneur entrait dans la salle à manger. M. Fininger, Dougaldine et Mlle Marthe étaient déjà à table. Ou n’avait pas encore allumé de lampe ; mais, la flamme de l’esprit de vin, qui enveloppait la machine à thé, éclairait en plein le visage de la jeune fille dont le teint, à cette lumière, paraissait très pâle.

Comme elle était la seule des personnes présentes qu’il n’avait pas saluée, Jean s’approcha d’elle et lui tendit la main, tout en prononçant quelques mots. Ne la vit-elle point, ou lit-elle simplement semblant de ne pas la voir ? Nous ne savons, mais, toujours est-il que, pour éviter la nécessité de lui répondre, elle parut très occupée à verser l’eau bouillante dans la théière et, restant parfaitement mai tresse d’elle-même, elle balbutia, sans daigner le regarder :

— Bonsoir, M. le docteur.

Et ce fut tout.

Jean, péniblement mortifié par cette froide réception, alla s’asseoir près de son élève, en face de Dougaldine, à la place que d’un geste M. Fininger lui avait indiquée.

La première partie du souper fut assez silencieuse. Heureusement, Amédée avait l’éloquence facile et abondante. Il recommença bientôt.

— Dougaldine, songe donc que M. le docteur n’aurait pas voulu monter dans notre barque ! Il est tout à fait de ton avis : on ne peut, dit-il, être jamais trop prudent sur l’eau. Oh ! il ne pensera plus ainsi, une