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la patricienne

Le docteur se garda bien de dire l’observation qu’il avait faite et les paroles qu’il avait entendues.

— Voulez-vous, lui demanda M. Fininger, prendre possession de la chambre qui vous est destinée ?

— Volontiers ! répliqua Jean.

Et Juliette, l’alerte fille, le conduisit à travers le salon et par un large escalier au premier étage. Au bout du corridor, à l’est de la maison, la servante ouvrit une porte. Le docteur entra dans l’appartement qu’on lui avait réservé.

Il se composait d’une chambre à haute boiserie, de couleur brune, et d’une alcôve avec un lit tout prêt à recevoir son hôte. Les fenêtres, un peu basses, étaient ouvertes, et l’air parfumé du soir pénétrait ainsi dans ce logis modeste, mais agréable. Par la fenêtre de la chambre à coucher, on jouissait d’un magnifique spectacle. Les derniers rayons du soleil rougissaient les pics étincelants de l’Oberland. Il semblait que le jour eût peine à céder la place à la nuit. Le crépuscule couvrait lentement de ses brumes légères les pentes abruptes des monts neigeux. Et, à la base de ce tableau, d’une sublime grandeur, la surface en grisaille du lac s’étendait en une immobilité d’océan.

Juliette avait déposé la valise près de la porte et s’était ensuite éloignée discrètement. Jean ne fut pas longtemps seul. Il venait de réparer sommairement sa toilette lorsqu’Amédée, précédé de son presque inséparable Bruno, se précipita dans la chambre, tout en saluant son maître de là manière la plus affectueuse.

— N’est-ce pas, monsieur le docteur, que c’est bien beau ici ? Que je suis heureux de vous y voir ! Par-