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la patricienne

tion datait des dernières années du dix-huitième siècle. Bruno accourait déjà à sa rencontre, poussant des aboiements furieux ; mais, dès qu’il fut à quelques pas du précepteur, aux pieds duquel il se couchait souvent, durant les leçons d’Amédée, il changea d’allure et s’avança en agitant la queue. Cet accueil fit du bien au pauvre savant.

— La simple honnêteté et la joie naturelle du revoir ne sont pas au moins éteintes partout, dit-il, en flattant le bel animal, dont les grands yeux bruns le regardaient avec joie.

Cette plainte indirecte de Jean n’était rien moins que juste. Les cris de Bruno avaient attiré sur la terrasse M. Fininger et sa sœur, Mlle Marthe. Le banquier, à la vue du docteur, descendit en toute hâte les escaliers du jardin et alla souhaiter la bienvenue au maître de son fils. Mlle Marthe, de son côté, avait appelé Juliette, qui mettait le couvert pour le souper, et lui avait ordonné de prendre la valise de Jean, ce que la soubrette s’empressa de faire. Et lorsque M. Fininger et le docteur furent sous la vérandah, le père de Dougaldine présenta le jeune homme à sa sœur.

— Les enfants sont sur le lac, dit la vieille demoiselle, d’un ton sympathique, trahissant la bonne réputation que Jean s’était déjà acquise auprès de l’excellente femme. Et, après avoir jeté un coup d’œil dans la direction du rivage, elle ajouta : Non, les voilà qui reviennent. Combien Amédée se réjouira de vous trouver ici ! Il avait l’intention d’aller au-devant de vous, mais il ne vous aura sans doute pas aperçu.