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les Alpes qu’enveloppaient encore les frimas de l’hiver. Là, à droite, il apercevait très nettement une pointe élancée, au pied de laquelle s’élevait l’humble cabane où vivait son père. Puis, plus rapprochée, une autre montagne de moindre dimension déployait son sommet en pyramide. C’est à la base de cette dernière qu’était la maison de campagne de M. Fininger, où allait, tandis qu’il causait arme son ami, celle qui lui avait mis le cœur et les sens enfeu. Sur la grande route, à gauche, le vent soulevait des tourbillons de poussière, et le jeune homme s’imagina hue c’était le landau de la famille de son élève, dans lequel on lui avait réservé une place.

— Eh bien ? demanda Oscar Muller, qui attendait une réponse depuis quelques instants.

— Je ne puis rien te dire de positif aujourd’hui, fit Jean.

— Ce n’est pas non plus nécessaire. Il suffit que tu m’autorises à écrire en Amérique que j’ai découvert l’homme qu’il leur faut. L’entrée en fonctions aura lieu seulement en automne.

— Jusque-là j’aurai pris une décision, murmura le docteur, avec une expression de mélancolie peinte sur son visage.

Oscar Muller, qui observait Jean à la dérobée, soupçonna bien qu’il y avait une affaire de cœur sous ces hésitations. Il n’insista plus.

Les deux amis dînèrent ensemble au Bernerhof. L’Américain raconta ses voyages, les incidents qui avaient marqué ses pérégrinations en pays étrangers. Jean l’écoutait, de plus en plus silencieux. Puis, le repas terminé, ils se séparèrent, et le maître