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la patricienne

Port. C’était une vieille demoiselle, très aimable, qui avait remplacé, auprès de sa nièce, la mère morte en donnant le jour à Amédée. Personne d’un caractère tranquille, elle passait sans bruit dans la vie, ne laissant après elle qu’un rayon de lumière, le souvenir de sa chaude et sincère affection. Toujours d’accord avec Dougaldine, elle s’occupait des travaux de la maison, surveillait même l’exploitation de la grande ferme attenante à la propriété et distribuait aux domestiques, assez nombreux, les ordres que nécessitaient une existence aisée et l’administration d’un beau domaine. Les deux dames ne s’ennuyaient jamais.

Si, le matin ou l’après-midi, on pouvait disposer de quelques heures de loisir, elles descendaient près du lac, sous de gros platanes où, l’une et l’autre gardant souvent le silence, elles travaillaient à une broderie quelconque ou lisaient des livres nouveaux et des revues. Et la brise, comme Pour les bercer dans leurs rêveries, soulevait lentement de petites vagues, dont le murmure doux et assoupissant venait se mêler aux murmures des roseaux du bord.

D’ailleurs, les distractions ne faisaient pas défaut la villa. Des amies de Dougaldine apparaissaient inopinément à Beau-Port ; d’autres fois, M. Fininger amenait quelques connaissances. Ainsi la monotonie de leurs jours était rompue pour un temps plus ou moins long. Thoune, une ville de militaires, fournissait aussi son contingent de visiteurs, des parents ou des amis de la famille. Quelquefois, le cliquetis des éperons sonnait dans les allées du jardin. Ces officiers acceptaient avec un visible plaisir les invita-