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LA PATRICIENNE

plus largement ouvertes qu’au vulgaire mortel. Au surplus, un célèbre professeur de théologie, un Allemand, Richard Rothe, a répondu à votre question, il est vrai avec une pointe d’ironie : Les nobles, a-t-il écrit, grâce à leurs manières distinguées, à leur langage correct et de bon ton, grâce aussi à la beauté de leur race, sont nés pour devenir de parfaits comédiens.

Max de Rosenwelt pâlit. Mais le docteur n’avait pas terminé :

— Remarquez que cette observation est de Richard Rothe ; je n’en prends aucunement la responsabilité, car, chez nous, quelle que soit la différence qui puisse exister entre les gens de haute et obscure origine, le talent pour les planches est en général fort peu répandu.

— Et voyez cependant comme l’on se trompe quelquefois, s’écria de Rosenwelt, emporté par la colère. En entrant dans cette maison hospitalière, lorsque l’on nous a présentés l’un à l’autre, je vous ai justement pris pour un homme de théâtre.

— Mais, j’espère au moins pour un acteur toujours prompt à la riposte, fit Almeneur, un soupçon de mépris flottant sur ses lèvres.

Déjà on avait servi le café et Dougaldine le versait maintenant dans les tasses en fine porcelaine. Puis, dès qu’elle eut absorbé son moka, elle se leva et, avant de disparaître, elle exprima l’espoir de revoir ces messieurs au salon.

La conversation, après son départ, effleura d’autres sujets, le thème monotone des choses indifférentes. Il en était ainsi autrefois : quand la princesse quittait le champ clos où se donnait le tournoi, le