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LA PATRICIENNE

l’avouez, ce que la noblesse est encore pour vous et pour vos compatriotes. Cela nous intéresserait tous, j’en suis sûr.

— Oui ! oui ! s’écrièrent quelques-uns des convives, tandis que les autres, et parmi ceux-ci M. Fininger, regrettaient déjà le tour qu’avait pris la conversation.

— Si je ne craignais de vous ennuyer, objecta le docteur, comme hésitant.

— Non ! Non ! entendit-on de divers côtés. Dites toujours.

Les messieurs qui insistaient de cette façon, espéraient que Jean ne sortirait pas facilement de l’impasse où l’avait poussé de Rosenwelt.

— Eh bien, commença le docteur, qu’il en soit comme vous le désirez. Mais excusez-moisi je prends légèrement le ton du professeur et procède avec quelque méthode. Au point de vue purement historique, j’ai, en premier lieu, une grande estime pour la noblesse. Il n’est toutefois pas absolument nécessaire, pour les besoins de notre discussion, de développer ici cette idée. Surtout je ne le ferai jamais en présence de mon respectable maître, M. Grégor — ce dernier s’inclina, avec un aimable sourire — car il pourrait infiniment mieux que moi vous dire le rôle que la chevalerie a joué dans l’histoire de l’humanité, la poésie qu’elle a inspirée, les mœurs qu’elle a affinées et répandues et quelles luttes elle a osé entreprendre contre la tyrannie des monarques absolus. Tout le moyen âge raconte ses hauts faits. D’ailleurs plus d’un, parmi vous, connaît ces choses par tradition de famille.

Il s’arrêta un instant. Les hôtes de M. Fininger avaient l’air d’être très satisfaits de ce début. Quant