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LA PATRICIENNE

M. Fininger ne répondit pas. Il partageait évidemment l’opinion de sa fille.

Tout à coup, du coin où il était blotti, Amédée s’écria, de sa belle voix sonore :

— Mais, s’il vous faut un quatorzième convive, pourquoi n’inviteriez-vous pas le docteur Almeneur ?

Le père poussa un hem ! assez équivoque, qu’on pouvait interpréter pour ou contre cette proposition inattendue.

Quant à Dougaldine, elle avait senti une bouffée de révolte monter à ses lèvres. En même temps, une belle rougeur envahit son iront et ses joues. Heureusement, l’obscurité déroba son visage aux yeux perspicaces de son père.

— Qu’en penses-tu, Dougaldine ? interrogea M. Fininger.

Les plus étranges pensées tourbillonnaient dans la tête de la jeune patricienne. Elle ne savait que répondre. À la fin, elle se dit :

— Eh bien, qu’il vienne ! Son infériorité éclatera certainement dans une société comme celle qui va se réunir ici.

Mais, elle se garda bien de justifier ainsi son consentement, car elle se borna à balbutier :

Oh ! si tu crois, papa, qu’on ose recevoir le précepteur d’Amédée, qu’à cela ne tienne ! Pour moi, ce quatorzième-là m’est indifférent.

— C’est un homme tout à fait comme il faut, ajouta M. Fininger.

Il fut donc décidé qu’on enverrait aussi une invitation à Jean Almeneur.

Inutile de peindre la joie du docteur lorsqu’on lui vomit la carte aux armes de la famille Fininger. Déci-