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LA PATRICIENNE

vers un horizon au delà duquel elle pressentait un profond mystère.

À ce moment, et comme s’il eût répondu à un appel désespéré de sa fille, M. Fininger rentra. Il avait à causer avec Dougaldine, lui dit-il, dès qu’il fut au salon.

— Nous recevrons un de ces jours quelques personnes, des messieurs, et c’est à toi qu’incombera le soin de faire les honneurs de la maison. Une fois le café servi et les cigares allumés, tu pourras te retirer. Je tiens beaucoup à donner ce souper, car nous aurons, parmi les invités, un jeune étranger, M. Max de Rosenwelt, qui, à deux reprises déjà, est venu à mon bureau sans m’y rencontrer. Il m’a été recommandé par une maison de Königsberg et il doit entretenir de bonnes relations avec l’ambassade de son Pays.

Cela dit, M. Fininger désigna les personnes qu’il pensait inviter. Il se trouva qu’ils seraient précisément treize à table, lui et sa fille compris.

— C’est trop ou trop peu, reprit en souriant le père de Dougaldine. Non pas que ce chiffre m’effraie ; mais il ne sait jamais si tout le monde est de cet avis. Ne fût-ce, d’ailleurs, que pour éviter toute mauvaise plaisanterie, mon devoir de maître de maison m’ordonnerait de changer ce nombre fatidique.

Il fallait donc le réduire ou l’augmenter. Dans le premier cas, on risquait d’éveiller quelque mécontentement, car chacun avait à peu près le même droit à leur invitation ; et, comme c’était la dernière fois, cet hiver, qu’on ouvrait toutes grandes les portes de la salle à manger, il n’eût pas été prudent d’avoir recours à ce moyen sommaire.