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LA PATRICIENNE

On assistait à des discussions parfois très comiques. Un jour qu’Amédée avait demandé à son maître ce qu’il fallait penser du génie romain, Jean, le lendemain, apporta un morceau de mortier qu’il avait détaché d’une vieille tour dont on avait découvert l’emplacement, quelques années auparavant, dans une petite forêt près de l’Aar. Il démontra à son élève que tous les entrepreneurs de l’Europe et de l’Amérique s’estimeraient très heureux s’ils pouvaient préparer une matière semblable qui, après des siècles, défie encore, par sa solidité, toutes les préparations analogues. Puis, il déroula aussi sous ses regards des copies de ces tableaux à fresque, retrouvés dans les ruines de Pompéi, et dont la belle fraîcheur, les couleurs toujours vives, excitent l’admiration des peintres ; il lui apprit également que les Romains avaient déjà le pétrole, tandis qu’il n’y a pas plus de trente ans qu’on l’a remis à l’usage de nos contemporains. En un mot, il l’amena insensiblement à comprendre que ces attaques dirigées contre le génie de Rome n’avaient pas une bien grande valeur, et il opéra cette merveille que, pendant les heures de l’après-midi, Amédée, sans y être contraint ni invité, reprit de nouveau ses livres latins et commença à étudier les passages où un nom historique, qu’il connaissait par les leçons de son professeur, frappait son esprit attentif.

Il ne faut donc pas s’étonner si cet enfant ne tarissait pas en éloges sur son professeur et qu’il eût un vif plaisir à communiquer à son père et à sa sœur ce que le docteur lui enseignait.

M. Fininger se réjouissait de voir son fils prendre goût à de tels problèmes, s’intéresser ainsi à ses