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LA PATRICIENNE

pôle nord. Et, rattachant à ce voyage tous les incidents qui avaient pu se produire, il lui expliquait la raison des longueurs inégales du jour et de la nuit, l’action du soleil et du froid, les rapports des zones entre elles, les principes élémentaires de la géographie mathématique et physique et enfin l’altitude des neiges éternelles dans les diverses contrées du globe. Et quand il remarquait que l’une ou l’autre de ces notions n’étaient pas bien comprises, ils montaient parfois sur la terrasse de la maison d’où ils pouvaient admirer, au-dessus des toits et des cheminées de la ville, un vaste et superbe horizon que limitait, au sud, les sommets éblouissants des Alpes de l’Oberland.

Jusque-là, l’étude des mots grecs et latins n’avait eu pour résultat que d’éveiller le dégoût de l’enfant. Le docteur lui ordonna de fermer ses grammaires. On allait changer de système. Laissant de côté l’exposé froid des formes compliquées de ces deux langues, il provoqua des dialogues entre lui et son élève, l’intéressant surtout par l’histoire de ces peuples anciens, dont il racontait les batailles et les conquêtes, décrivait les mœurs et les coutumes. Pour mieux graver ces faits dans cette jeune mémoire, il avait recours alors à des illustrations et même lisait, dans une bonne traduction, quelques passages des meilleurs auteurs.

On disputait beaucoup, à cette époque, au sujet des langues anciennes. Il y avait même un mouvement très prononcé contre elles. Le docteur Almeneur ne partageait nullement l’aversion qu’elles inspiraient. Les adversaires du latin et du grec en voulaient surtout à l’esprit et à la culture de l’antiquité.