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LA PATRICIENNE

aucune jusqu’au moment où Amédée se sera habitué à son professeur.

M. Fininger regarda avec un certain étonnement ce précepteur d’une nouvelle sorte. Après un instant de silence, il reprit :

— Aucune leçon ? Je croyais, c’est-à-dire M. le professeur Grégor m’avait dit que vous enseigneriez le latin et le grec et l’une ou l’autre branche scientifique. Dougaldine se charge du français. Ou bien aimeriez-vous mieux prendre cette langue et la gymnastique, le dessin et la musique, la religion et que sais-je encore ? Assurément, si votre temps…

— Pour le moment, mon temps est très limité : à peine pourrai-je consacrer trois heures par jour à votre fils. Mais ces heures, il faut que j’aie la liberté de les employer comme bon me semblera, suivant l’occasion, mais toujours d’après un plan bien déterminé à l’avance.

— Et pendant que vous ne serez pas là, Amédée doit-il demeurer inactif ?

— Nullement. Mlle votre fille lui enseignera alors le français. Pour le reste, ainsi que Jéhova, je ne souffrirai pas d’autres dieux à mes côtés. Car, voyez-vous, M. Fininger, s’il y a un fait qui parle contre l’instruction que l’on dispense à l’école, et qui, par contre, est tout à l’avantage de celle que l’on distribue en famille, c’est que, pour cette dernière, une seule personnalité exerce toute son influence, en suivant toujours la même ligne, sur l’enfant confié à sa direction. La multiplicité des maîtres nuit autant à l’éducation qu’elle contribue peut-être à l’instruction de la jeunesse.