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LA PATRICIENNE

eux, et cela par la plus noble faculté de l’homme, l’intelligence ?

Aussi répondit-il sans hésiter :

— Monsieur Fininger, c’est avec honneur que j’entreprendrai cette tâche. Au fond, vous avez peut-être raison : l’instruction donnée en famille pourrait bien être la plus naturelle. Déjà Rousseau le disait. Seulement les difficultés de la vie ont conduit à coup sûr les parents à se séparer pour plusieurs heures de leurs enfants.

— D’accord ! d’accord ! répliqua le patricien, en se frottant les mains. Vous voyez, nous nous comprenons parfaitement. Ah ! je souhaiterais volontiers que chacun fût en mesure de faire instruire ses enfants chez soi. Mais, si un grand nombre n’est pas dans la situation de s’imposer de tels sacrifices, est-ce une raison pour que je me prive et prive aussi mon fils de ce que je juge comme plus conforme à mes vues et à mes goûts ? Nullement ! Et, à présent, veuillez me dire… vos conditions, M. le docteur.

— Je n’en ai qu’une, répondit Jean, ayant peut-être une trop grande opinion de sa dignité.

— Et laquelle ? demanda M. Fininger, très curieux d’entendre la réponse du docteur.

— J’exige simplement qu’on ait en moi la plus absolue confiance.

Le père de Dougaldine ne put arrêter le sourire qui vint effleurer ses lèvres.

— Cela va de soi, lit-il enfin. Seul vous serez le maître, aussi bien dans vos leçons, qui embrasseront sans doute les branches principales, que dans le choix de la méthode et des ouvrages.

— Dans mes leçons ? Mais j’espère bien n’en donner