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LA PATRICIENNE

timents nobles et délicats, leur apprendre une politesse aisée, des manières convenables ; et, lorsque toutes ces impressions sont devenues, pour eux, comme une seconde nature, — alors on les envoie à l’école, c’est-à-dire dans un établissement ouvert à tous, aux bons et aux mauvais, et il arrive encore, dit-on, que ces derniers doivent coopérer à l’éducation des premiers. Et, pour ce beau résultat, cet avantage suprême, vous exigez que nous vous en sachions gré ! Allons donc ! Que fait-elle de nos enfants élevés sagement, pieux et bons, votre école populaire ? Des lourdauds et des rustres insupportables, voilà tout !

— Ne vous trompez-vous pas ? Amédée, durant le peu d’instants que j’ai pu l’observer, m’a aisément convaincu que le danger n’est pas si grand. J’ai reçu de votre enfant la meilleure impression.

— Dieu merci ! C’est que Dougaldine a toujours exercé une surveillance maternelle sur son frère et que, dès le premier symptôme, nous avons pris la résolution qui me vaut le plaisir de votre agréable visite. Vous êtes donc décidé, M. le docteur ?

Celui-ci avait bien encore sous la main tout un arsenal d’objections contre l’enseignement privé ; mais si fortes qu’elles fussent, elles ne pouvaient l’empêcher de voir dans un lointain vague une fine taille de blonde qui l’attirait invinciblement. Et non seulement la jeune fille, mais aussi Amédée l’avait séduit. Il éprouvait déjà un commencement de sympathie pour cet aimable garçon. Son cœur parlait en faveur du frère et de la sœur. Et comment résister à la tentation de nouer plus ample connaissance avec