Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
LA PATRICIENNE

Elle s’arrêta, puis se tournant vers Jean, elle dit :

— Excusez-moi, je n’ai pas encore bien compris votre nom.

— Almeneur ! répondit Jean.

M. le docteur Almeneur, reprit-elle. M. le docteur aura la bonté de diriger tes études. Ce sera ton maître.

Le jeune garçon, aux premiers mots de sa sœur, s’était avancé de deux pas et, très gracieusement, avait salué le docteur. Mais, lorsqu’il entendit que Jean allait devenir son précepteur, un beau sourire éclaira soudain son visage et il lui tendit spontanément la main.

Jean observait son futur élève, dont le costume ne manquait pas d’originalité. Il portait un court veston de velours noir et des pantalons de même étoile et de même couleur qui ne descendaient que jusqu’aux genoux. Aussi longtemps qu’il avait fréquenté l’école publique, il avait mis ces habits seulement le dimanche ; mais, à présent, et sur le désir de sa sœur, on l’habillait ainsi durant toute la semaine. Il y a un tableau de Rubens, universellement célèbre, où l’on voit les nobles fils d’un roi anglais vêtus de cette façon.

Le docteur retrouvait, dans le visage légèrement pâle du frère, presque tous les traits de la sœur. Cependant si, comme intelligence, il était tout aussi bien doué que Dougaldine, il paraissait être, comme caractère, plus naïf et moins fier. En tout cas, cet examen sommaire satisfit complètement le futur précepteur, car il lui dit :

— Amédée, je vois déjà que nous serons bientôt de bons amis.