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LA PATRICIENNE

pernicieuses qui terniraient infailliblement l’excellente réputation de leurs familles.

Almeneur, cependant, n’avait pas eu le temps de répondre. Car, à peine la patricienne avait-elle cessé de parler, que la porte s’ouvrait et livrait passage, non à M. Fininger, mais à un magnifique chien courant, de noble race, qui se précipita en folles gambades sur la jeune fille. Elle le reçut avec beaucoup de caresses.

Et déjà un autre personnage faisait son entrée, un garçon de treize à quatorze ans, à la taille souple, bien prise, au visage intelligent et franchement sympathique :

— Dougaldine ! Dougaldine ! s’écria-t-il d’une voix claire et joyeuse, en courant d’un seul trait vers sa sœur, dont la fine main blanche caressait toujours le bel animal. Dougaldine, il est complètement guéri. Le docteur m’a dit que la blessure est entièrement cicatrisée. Je n’avais pas osé espérer le voir aujourd’hui, à plus forte raison le reprendre. Ah ! mon beau Bruno, te voilà de nouveau chez nous ! Que j’en suis aise ! À l’avenir, et déjà demain, nous te mettrons un collier armé de clous, et ces misérables chiens de laitiers y regarderont à deux fois avant de t’attaquer. Car, je ne voudrais plus être obligé de le conduire à cet hôpital. On n’y respire que la peste, dans cette geôle. Et, cependant, le professeur affirme que l’administration a dépensé dix mille francs pour ça. Non, mon cher Bruno, non, tu n’iras plus dans cette sale baraque.

Il avait parlé si rapidement que sa sœur n’avait pas trouvé l’occasion de l’interrompre. D’ailleurs, ce