Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
LA PATRICIENNE

ses raisons. Et, ce qu’il y a de certain, c’est que ce garçon doit être une excellente nature, à l’esprit ouvert et très éveillé. Il vous fera plaisir, j’en suis sûr.

— Et avez-vous déjà parlé de moi à M. Fininger ?

— J’ai pris la liberté de lui annoncer que j’en causerais avec vous.

Le docteur parut réfléchir un instant.

M. Grégor ajouta, négligemment :

— Hier soir, au bal, je m’entretenais encore avec lui de cette affaire, qui a bien quelque gravité pour un père soucieux de l’avenir de son fils.

Jean n’entendit pas ces derniers mots. Un doute venait, de se poser dans son esprit. Était-ce vraiment, dans ses principes de prêter la main au projet qu’on lui soumettait ? Car, lui, il croyait la deviner, la raison pour laquelle on enlevait cet enfant à l’école publique. Parbleu ! Elle sautait aux yeux. C’était par simple prévention aristocratique. L’héritier d’un patricien ne devait pas s’asseoir sur le même banc que les fils des bourgeois.

Cependant, il dit :

— Je vous remercie bien sincèrement, M. le professeur, d’avoir pensé à moi pour cette place. En outre, l’opinion que vous avez de mes moyens, de ma Petite personnalité enfin me paraît trop favorable. Mais, pour en revenir à ce qui nous occupe, il me semble que nous ne sommes pas logiques lorsque l’un de nous, d’une manière ou d’une autre, favorise cet enseignement privé, une plante qui pousse déjà bien dans notre ville.

— Vous refusez ! s’écria M. Grégor, presque avec tristesse. Réfléchissez encore, je vous en prie. Vous