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LA PATRICIENNE

Puis, il ajouta, en s’adressant au jeune homme qui l’avait arrêté au passage :

— Et qu’avais-tu à me dire ?

Celui-ci, un juriste déjà distingué, n’avait pas été au bal. Il devait forcément renoncer à ce plaisir mondain, ayant la jambe droite presque paralysée. Aussi, ce matin-là, il n’avait eu garde de manquer le cours du célèbre M. Grégor, le professeur de droit public, qu’il suivait toujours, de même que le docteur Almeneur, bien que l’un et l’autre eussent subi depuis quelques années et avec le plus grand succès leurs examens d’État. À vrai dire, si Jean fréquentait ces leçons, c’était par sympathie pour M. Grégor et pour l’importance de la branche qu’il enseignait, car ses études à lui, ainsi que son titre de docteur en philosophie l’indiquait, avaient plus particulièrement pour objet l’histoire universelle, les langues modernes et les littératures comparées.

— Ce que j’avais à te communiquer ? répondit le jeune homme. M. Grégor, sa leçon terminée, s’est informé si tu n’étais pas dans le bâtiment de l’université. Naturellement, personne ne t’y avait vu. Il nous a ensuite priés, si nous te rencontrions, de te dire qu’il désire causer avec toi, aujourd’hui encore, tu n’as donc qu’à te présenter chez lui, cette après-midi.

Jean remercia d’un signe de tête. Certainement il irait. Puis, la conversation reprit une allure plus générale.

On s’entretint d’abord du bal de la veille. Le docteur brûlait d’apprendre le nom de sa belle patricienne, dont l’image ne voulait plus s’effacer de son esprit. Mais il n’osait hasarder aucune question. Une