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LA PATRICIENNE

vait pas accepter l’invitation. Mais on ne voulut pas le comprendre ainsi.

— Il faut pourtant que tu entres un instant, reprit le professeur. J’ai quelque chose à te communiquer.

Le docteur hésitait.

Toutefois, quelques secondes après, il se décida rapidement. Il aurait eu vraiment trop mauvaise grâce à refuser. Au surplus, la perspective de boire un verre de bière mousseuse ne lui répugnait point. On est toujours quelque peu altéré, au lendemain d’une nuit de bal, et le docteur Almeneur, tout philosophe qu’il était, n’échappait pas à ces vulgaires besoins de la pauvre nature humaine.

Faisant donc bonne mine à ce que d’abord il avait envisagé comme un mauvais jeu, il entra dans la brasserie où se trouvaient ses amis. Ceux-ci lui souhaitèrent un bonjour cordial et vidèrent leurs chopes à sa santé. Il répondit à leur bienveillant accueil de la manière la plus flatteuse, avec cet air de franche camaraderie que l’on rencontre dans le monde de nos universités. Puis, les premières paroles échangées, chacun voulut savoir pourquoi il se promenait encore dans les rues de la ville en costume de soirée. Car, eux aussi, presque tous, avaient été à ce bal des professeurs ; mais, dès que l’aube avait blanchi les fenêtres, ils s’étaient éclipsés et avaient dormi assez tard dans la matinée. La plupart venaient seulement de se lever.

Le docteur n’était rien moins que disposé à satisfaire cette curiosité. Cependant, sans autrement s’expliquer, il dit qu’il avait fait une promenade sur le bord de l’Aar et qu’au moment où on l’avait appelé, il rentrait chez lui.