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la patricienne

souhait de bonheur ! Ah ! tiens ! je ne vous ai même pas dit le nom de mon fiancé. Mais vous le devinez déjà. Le voilà sur le lac, qui rentre à Thoune. C’est Max de Rosenwelt.

Et lui se taisait toujours !

— Ainsi, vous ne voulez pas me féliciter ? fit-elle de nouveau, avec cette opiniâtreté méchante dont la femme a le secret, dès qu’il s’agit d’une vengeance à satisfaire, et dans laquelle elle excelle, bien qu’à chaque coup porté elle souffre plus vivement que l’homme qui les reçoit.

— J’exprimerai… à M. votre père… les vœux que… je forme… pour votre bonheur ! balbutia enfin Almeneur.

— Et pourquoi pas à moi ? Voyez, je suis moins réservée…

Elle s’arrêta un instant. Sa pudeur de jeune fille se révoltait à l’idée des choses qu’elle allait dire, qu’elle avait dans l’esprit. Mais, elle en avait aussi trop souffert et il fallait qu’il les entendît. Dougaldine continua :

— Moi, je vous félicite de votre agréable promenade d’hier soir, en campagnie d’u…

— De qui ? de qui ? Achevez donc ! s’exclama le docteur, au comble de l’indignation. Mais vous n’osez pas, vous n’oserez jamais ! Ah ! vous ne vous doutez guère combien ma promenade vous touchait de près, vous et vos fiançailles ! Oh ! Dieu ! que dis-je ? J’avoue moi-même ce que je ne pensais pas devoir vous révéler. Car, vos oreilles sont trop chastes pour apprendre…

— Oui, pour apprendre ce que vous faites ! s’écria-