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la patricienne

retrouver son jeune diplomate. Il n’y avait plus aucune trace de souci sur le visage de ce dernier.

— Tout est en ordre, dit-il. La police de Thoune a été avertie télégraphiquement que M. de Rosenwelt ne peut pas prétexter le passeport que je lui ai remis pour prolonger son séjour dans cette ville. Mon chef a été bon pour moi : il m’a adressé quelques reproches, et ça été tout. Quant à cette jeune fille, dites-lui de venir à Berne : nous lui procurerons les moyens de retourner chez son père. Auriez-vous l’obligeance de lui communiquer cet ordre ?

— Mais, volontiers ! Au plus tard, demain, je ferai une démarche auprès d’elle et m’acquitterai de cette mission.

Ajoutons, pour clore cet incident, car il n’en sera plus question, que Jean tint parole et que la pauvre abandonnée réintégra le toit paternel où elle fut reçue à bras ouverts, le pasteur ayant trop de fois expliqué la parabole de l’enfant prodigue pour qu’il ne l’appliquât pas lui-même à sa propre fille.

Une seule chose, maintenant, préoccupait le docteur : arriver le plus tôt possible à Beau-Port. Dans son impatience, il partit de Berne à pied et ne reprit le train qu’à la deuxième station. Il était environ cinq heures de l’après-midi.

Quand il descendit à Thoune, Jean eut d’abord l’idée de louer une barque, le trajet, par le lac, étant plus court ; mais, craignant de perdre du temps en allant à la recherche d’une embarcation, il prit un fiacre qui stationnait par hasard devant la gare.

La voiture ne roulait pas assez vite. Que n’avait-il des ailes ! N’était-ce pas à cause de Dougaldine que