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la patricienne

la même pièce. Il m’importunait, et ce n’est que bien tard qu’il m’a été possible de le congédier.

— Il est parti de Berne ce matin, par le premier train. Je viens de Thoune et je l’ai rencontré en chemin, mais il ne m’a pas vu.

— Le papier dont il est en possession, peut me compromettre. Car, d’après tout ce que vous m’avez appris, je ne doute plus que nous n’ayons affaire à un chevalier d’industrie. Je ne prétends pas, par là, qu’il ait quelque compte à régler avec la justice. Il a été officier, cela est clair. Il aura contracté des dettes, peut-être nombreuses, et ne sachant plus où s’adresser pour avoir de l’argent, il a cherché fortune ailleurs. Néanmoins, nous n’entendons pas qu’il se retranche plus longtemps derrière l’ambassade ; nous ne voulons point, moi tout le premier, le couvrir de notre influence et endosser ses responsabilités.

Ah ! si seulement je tenais ce maudit papier entre mes mains !

— Et cette pauvre jeune femme ? interrogea le docteur. Pensez-vous pouvoir lui venir en aide ?

— Je suis dans un bel embarras ! grommela le diplomate, sans répondre à la question de Jean. Il ne me reste plus qu’à aller trouver mon chef et lui avouer loyalement ma maladresse. Il saura déjà débrouiller l’affaire, avertir, entre autres, la police de Thoune et même, s’il le faut, par fil télégraphique. C’est de la compétence de l’ambassadeur. Je dîne chez lui aujourd’hui. Voulez-vous avoir la bonté de repasser ici à trois heures ? Je vous donnerai alors une réponse décisive.

Le précepteur réfléchit. Ce retard inattendu contre-carrait ses plans. De cette façon, il lui était bien