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la patricienne

— Ah ! tiens, c’est fort heureux ! Je croyais cette carte perdue. C’est une invitation à souper, pour ce soir, chez M. le banquier Fininger.

Il est maintenant bien évident pour moi que c’était une petite mise en scène pour dissiper mes derniers scrupules. Je fus pris.

— Je ne dois pas hésiter, me dis-je, à fendre ce service à un homme de la meilleure société, dont la bonne réputation est hors de doute, puisqu’il est invité par M. Fininger.

Et je lui délivrai, mais seulement pour la durée de quatre semaines, la pièce qu’il me demandait, laquelle, il est vrai, n’a aucune force légale, car elle n’est pas signée de M. de l’ambassadeur. Toutefois, grâce à ce papier, il lui a été permis, en attendant, de séjourner dans la ville fédérale.

— Et, à présent, reprit Jean, je me rends parfaitement compte aussi du motif qui l’a fait quitter Berne, une fois les quatre semaines écoulées. Il a pensé qu’il serait bien moins inquiété par la police, à Thoune, où chaque été arrivent une foule d’étrangers, auprès desquels, le plus souvent, on ne s’informe ni d’où ils viennent, ni où ils vont.

— Il paraît cependant qu’on ne l’a pas laissé tout à fait tranquille. La preuve en est que, hier, M. de Rosenwelt s’est présenté de nouveau ici pour que je renouvelle le passeport que je lui ai si imprudemment remis. Son ami de Livonie est mort, dit-il ; ses papiers se trouvent probablement sous scellé. Il les recevra sous peu. Et il a tant insisté et j’ai été si faible, qu’à la fin, plutôt pour m’en débarrasser que pour toute autre raison, je lui ai signé encore une fois