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la patricienne

Berne, pour lui surtout, quand son cœur, son âme, sa vie entière étaient en jeu ! Et l’ambassadeur allemand, et les renseignements qu’il en espérait ? Mais, un jour plus tôt, ou un jour plus tard ! Rien n’était perdu. À ses yeux, tout s’évanouissait devant un seul fait : c’est qu’il était de toute nécessité d’avertir Mlle Fininger.

Cependant que le train l’emportait toujours vers son but, qui n’était déjà plus le même que la veille, ses idées se modifièrent peu à peu et il trouva des raisons pour justifier sa manière d’agir. En premier lieu, et afin de couper court à toutes les suppositions, il était bon de s’assurer que les révélations de la jeune étrangère n’étaient pas inspirées par la jalousie. Le docteur n’y ajoutait pas une foi absolue, car de Rosenwelt paraissait vraiment trop sûr de lui-même. En outre, il était prudent aussi de mettre M. Fininger au courant de cet état de choses, dans le cas où les faits se vérifieraient. Alors le père pourrait télégraphier à sa fille qu’elle n’avait plus à recevoir les visites de cet homme. Enfin, comme à midi la votation était terminée, Jean se dit :

— Si je prends le premier train du soir, j’arriverai encore à temps à la villa pour confondre ce misérable en présence de Dougaldine.

Cette conclusion lui plut extraordinairement et il s’en tint là.

On entrait en gare. Il était de trop bonne heure pour tenter l’une ou l’autre visite. Le précepteur se rendit par conséquent au buffet où il se fit servir à déjeuner. Et lorsque les cloches de toutes les églises annoncèrent le service divin, il s’en alla du côté des Petits-Remparts que l’édilité bernoise a transformés