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la patricienne

tout aussi doucement qu’il était rentré quelque deux heures auparavant.

D’un pas léger, et par un beau matin doux et frais, Jean prit la route de Thoune où il arriva assez tôt pour monter dans le premier train de Berne. Ce n’était plus seulement la votation qui le préoccupait. Cette question était à présent une affaire secondaire. Il s’agissait de contrôler les dires de l’étrangère et, s’ils étaient vrais, de la sauver elle-même et de démasquer Max de Rosenwelt.

Le train qui l’emmenait croisa, à l’une des stations, celui de Berne à Thoune. Par les fenêtres ouvertes, Almeneur jeta un regard dans le coupé de deuxième classe du wagon qui était vis-à-vis du sien. Sur le coussin dormait l’homme que maintenant il allait poursuivre. Il le reconnut sur-le-champ. Et une pensée jaillit en même temps au milieu de toutes celles qui tourbillonnaient dans son cerveau : il avait oublié que Dougaldine attendait de Rosenwelt l’après-midi du même jour.

Il fallait à tout prix empêcher cette entrevue. Pour cela, que faire ? Mais, retourner à la villa et raconter à la jeune patricienne ce qu’on lui avait confié la veille. Déjà le docteur était sur le point de passer dans le wagon où se trouvait le Poméranien, lorsque les deux trains se remirent en marche. Il était trop tard. Bon gré, mal gré, Jean dut regagner sa place, non sans s’adresser les plus vifs reproches. Décidément, il les méritait bien un peu. Comment n’avait-il pas songé à la chose la plus importante ? Ne devait-il point, tout d’abord, protéger Dougaldine contre les entreprises d’un tel personnage ? Ah ! oui, une belle misère, ces élections de