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la patricienne

avais une parfaite connaissance non seulement des êtres du château, mais des localités avoisinantes. N’est-ce pas peut-être une des raisons qui ontengage Max à m’emmener avec lui ? C’était en hiver — l’hiver dernier ! Dans le premier village, nous trouvâmes facilement un traîneau qui nous transporta, en quelques heures, à une station de chemin de fer d’où nous partîmes par l’express pour Berlin. Ici, je changeai de costume et revêtit celui que vous m’avez vu et qui me permettait de passer pour un jeune camarade de l’homme que j’aimais. De fait… j’étais… sa femme. Il est vrai que j’attends toujours, si je l’ose, l’accomplissement de sa promesse et la reconnaissance de mes droits.

Maintenant vous savez tout. Depuis le mois de mars, nous sommes en Suisse. Car de Rosenwelt n’est tranquille nulle part. C’est un voyageur éternel. Ses papiers de légitimation ne sont pas non plus en ordre, et la police le harcèle partout. Dès qu’il a l’intention de s’établir dans un endroit pour quelque temps, on vient l’inquiéter, et… il repart… et je le suis ! Cette vie, quelle misère !

— Excusez-moi, madame, si je vous interromps, dit Jean. Vous devez être dans l’erreur, quant à ce dernier point. J’ai entendu M. de Rosenwelt se vanter souvent, même en grande société, des excellents rapports qu’il entretient avec l’ambassade d’Allemagne ; et moi-même je l’ai vu se promener dans les rues de Berne avec l’un des secrétaires.

— C’est justement là qu’est sa force, où il excelle. Il est passé maître en l’art de nouer connaissance avec des personnes du meilleur monde. Il compte beaucoup, presque exclusivement, sur l’impression