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la patricienne

Dès qu’Amédée eut réparé sa toilette, il redescendit au jardin. Les amies de Dougaldine saluèrent le jeune garçon qu’elles connaissaient depuis longtemps, et elles surent bientôt l’entraîner dans leur cercle.

— Pourquoi n’avez-vous pas amené votre ami ? dit tout à coup Amédée à Max de Rosenwelt, d’un petit ton confidentiel.

L’étranger ne put réprimer un vif mouvement de contrariété, pendant qu’une rougeur montait à ses joues. Mais, cela ne dura qu’une seconde, et il répondit :

— Notre dernier voyage l’a passablement fatigué. Il gardera la chambre ces premiers jours. D’ailleurs, il repart prochainement.

— Vous voyez, répliqua l’élève de Jean, cela ne serait pas arrivé, si vous aviez profité de notre voiture.

Max de Rosenwelt eut un haussement d’épaules qui signifiait autant d’indiflérence que de regret, et ni l’un ni l’autre ne fit plus allusion à leur rencontre dans la montagne.

Le docteur n’avait pas été d’humeur à rejoindre les jeunes gens. On ne l’y avait pas non plus invité. Au contraire, Dougaldine s’était prononcée clairement contre une semblable tentative. — Tu peux revenir, avait-elle dit à son frère, sans adresser aucune parole au précepteur. Au surplus, en admettant même qu’on lui eût reconnu le droit de prendre part à ce divertissement, il eût été obligé d’y renoncer, car ce jeu n’était pas de son goût et il en ignorait les premières règles. Elles se seraient joliment moquées de lui, toutes ces belles et fières patriciennes