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unique raison de cet oubli volontaire. Il sentait cela. Leurs noms, à eux deux, ne seraient jamais réunis sur la même feuille de papier. Ah ! décidément, elle ne changeait pas ! Eh bien, soit ! Lui ne ferait point non plus le premier pas. Ils resteraient donc aussi longtemps qu’Amédée le désirerait.

Et il s’en tint à cette résolution.

Il n’est pas dans notre plan de raconter par le menu de quelle agréable façon le docteur et son élève passèrent leurs jours de congé dans le pauvre hameau de la montagne, ni de décrire les beautés de la nature qu’ils admirèrent, les excursions qu’ils entreprirent et les fatigues qu’ils éprouvèrent. De même, nous ne dirons pas qu’Amédée apprit à aimer le père de son maître, devant la maisonnette duquel ils avaient l’habitude de se reposer et de causer, lorsqu’ils rentraient d’une promenade dans les environs.

Seulement au matin du quatrième jour, ils quittèrent enfin le village. Le vieil Almeneur les accompagna un bout de chemin, jusqu’à l’endroit où la route, courant en zigzags, descend rapidement au fond de la vallée. Là, il prit congé de son fils et du jeune garçon, en leur souhaitant simplement un retour heureux.

Ce souhait du père de Jean s’accomplit en toutes lettres. Nos touristes firent de nouveau une halte de quelques instants dans l’hôtel où ils avaient déjeuné et rencontré Max de Rosenwelt. Puis ils continuèrent leur route. Un rien attirait leur attention. Amédée ne se lassait pas de poser question sur question au docteur. Et leur joie fut plus grande encore quand, après avoir atteint le sommet de la dernière colline,