Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
la patricienne

gênée peut-être par le fait que le docteur paraissait entretenir des relations avec M. de Rosenwelt.

Non, vraiment, je ne le sais pas, dit-elle enfin, rapidement et d’un ton presque méprisant, du moins à en juger par la moue qui souligna sa réponse.

— Oh ! ces étrangers ! ajouta-t-elle encore, tout en desservant la table, où le précepteur et Amédée venaient de prendre leur déjeuner.

Pendant ce temps, le cocher avait soigné ses chevaux. Ils étaient à même de continuer la course.

Jean paya la note, non sans remarquer qu’elle n’était du tout point enflée. Pour que Max de Rosenwelt eût eu des raisons de se plaindre, il fallait que l’hôtelier l’eût traité d’une autre façon ; ce qui n’était pas impossible non plus. Les aubergistes de la contrée avaient sans doute mis sur son compte, non seulement sa qualité d’étranger, mais aussi ses manières hautaines et impolies.

En moins d’une demi-heure, la voiture conduisit nos deux touristes jusqu’au pied de la montée. Il y a là un pont de bois qu’on a jeté avec une certaine hardiesse sur le torrent écumeux. Jean et Amédée descendirent. Le docteur dit au cocher qu’il était inutile de venir le lendemain à leur rencontre, car ils resteraient probablement deux ou trois jours dans la montagne. Ils effectueraient le retour à pied, ce dont Mlle Fininger devait être nécessairement avertie.

Tandis que Jean donnait ces ordres, une toute petite fille, sortant d’une pauvre hutte perchée sur un monticule voisin, s’était approchée craintivement jusqu’au bord du pré et offrait aux jeunes gens une jolie couronne de myosotis, à coup sûr un ouvrage de ses faibles menottes. Le docteur fut sur le point