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voyageaient pour des raisons de santé, ils voulaient donc achever pédestrement leur course.

— La route est tout unie et sans grande variété d’aspect, observa le docteur, que ce refus étonnait.

— Précisément, riposta de Rosenwelt. Un tel chemin est le plus agréable par une belle matinée comme celle d’aujourd’hui. Et nous allons nous mettre aussitôt en route, car nous sommes en retard. Nous avons décidément dormi trop longtemps.

— Eh bien, ajouta encore Amédée, avec ce même malin sourire qui flottait parfois sur les lèvres de sa sœur, si vous vous repentez de n’avoir pas accepté notre offre, vous attendrez simplement la voiture. Dans une demi-heure, une heure au plus tard, nous la renvoyons. Quand elle vous atteindra, si vous avez changé d’idée, vous n’aurez qu’à monter. Le cocher recevra des ordres en conséquence.

— Merci et bon voyage ! dit le hobereau poméranien, d’une voix bruyante.

Et, sans autre mot, il partit avec son compagnon qui, de la place où il était, leva son chapeau pour saluer Jean et Amédée.

— Je serais curieux de connaître cet ami d’enfance, murmura le docteur, à part lui. Et quelle singulière manière de vous le présenter !

— Savez-vous qui est ce jeune homme ? demanda-t-il ensuite à la sommelière, qui avait, de la fenêtre du rez-de-chaussée, assisté à l’entretien et sortait à présent de l’hôtel.

— Ce jeune homme ? fit-elle, en éclatant d’un rire bref. Mais, un instant après, elle devint rouge comme une pivoine, sembla chercher une phrase,