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la patricienne

Vous ignorez sans doute encore que nous sommes à Beau-Port, pour tout l’été ?

— Vous m’en donnez à l’instant même l’a première nouvelle. Je suis fort heureux de l’apprendre. Je ne manquerai pas, demain, de me faire annoncer, car je m’en retourne maintenant. Nous venons, un ami d’enfance et moi, de passer quelques jours dans les montagnes. Nous aimions à voir les Alpes, avant de partir définitivement. Comme je l’ai dit, nous rentrons à Thoune. C’est vraiment fatal que nos itinéraires se croisent.

Quand Max avait parlé de son compagnon, le docteur n’avait pu s’empêcher d’examiner à la dérobée cet intéressant jeune homme, qui se tenait à une certaine distance du groupe qu’eux-mêmes formaient. Il avait baissé les paupières et, de sa petite canne, il frappait, nerveusement, les cailloux roulants du chemin. Les paroles de M. de Rosenwelt avaient semblé lui déplaire.

— Alors, dit Amédée, toujours prudent et très poli, vous pourriez profiter de notre voiture. Pour nous, nous n’en avons plus réellement besoin. Que nous marchions d’ici ou seulement du fond de la vallée, où commence la montée, il n’importe ! Qu’en pensez-vous, M. le docteur ?

Ce dernier ne fit aucune objection, cela va de soi. Max de Rosenwelt refusait, protestait, et d’une manière si vive, si inquiète qu’on voyait bien qu’un motif secret le forçait d’agir ainsi. Quel était ce motif ? Et, pourtant, ce landau, avec ses coussins moelleux, avait un air, ma foi ! très engageant. Mais l’étranger prétexta encore que lui et son compatriote