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la sympathie l’un pour l’autre. Max de Rosenwelt, très en colère par la discussion qu’il avait eue avec l’hôtelier, s’éloignait en effet avec une certaine hâte. Son compagnon avait peine à le suivre. Jean ne songeait pas à le retenir ; il n’eût même fait aucun pas pour cela. Mais, Amédée s’était écrié :

— Bonjour, M. de Rosenwelt.

Celui-ci se retourna brusquement, très désagréablement surpris d’entendre son nom dans le pays. Mais, à peine eut-il jeté un regard sur le jeune garçon et son précepteur, et sur le landau aux armes des Fininger, que ses traits prirent aussitôt, avec une habileté de comédien, l’expression la plus sincèrement amicale ; puis, s’approchant de la table où le maître et l’élève étaient assis, il leur dit :

— Ah ! quelle agréable rencontre ! Tiens, mais c’est M. Fininger ! Et aussi M. le docteur ! Vous êtes de même en voyage, comme je vois. Est-il permis de savoir où vous allez ?

Jean le salua avec une froide politesse et nomma le but de leur excursion.

— Et il n’y a pas d’autre personne de la famille Fininger ici ? demanda Max, pendant que ses yeux erraient aux alentours.

— Nous sommes seuls, répliqua le docteur. À ces mots, de Rosenwelt parut plus à l’aise. Il était visiblement soulagé. Aussi continua-t-il, en s’adressant cette fois à Amédée :

— Comme je le regrette ! J’aurais présenté si volontiers mes respects à M. votre père et à Mlle votre sœur. Voici plusieurs semaines que je ne les ai vus ni l’un ni l’autre, par le fait que j’habite Thoune.

— Ah ! fit Amédée, vous êtes si rapproché de nous !