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LA PATRICIENNE

duisais déjà les quelques chèvres que l’on voulait bien confier à ma garde.

— Encore un mot, reprit Dougaldine, qui avait paru réfléchir après les dernières paroles du docteur. Vous avez projeté de faire cette course à pied ; mais, ne serait-il pas assez tôt de marcher seulement dès l’endroit où commence la montée ? La route, jusqu’à l’entrée de la vallée, est bien longue, presque monotone, et nos chevaux ont besoin d’exercice tous les jours. Jacques attellera le landau et vous conduira. Vous arriverez tout frais à la montagne.

— Oui, oui, c’est cela ! fit Amédée, très joyeux, tandis que le docteur, qui n’avait rien à objecter, s’inclinait en signe de remerciement.

L’après-midi fut consacrée aux préparatifs de l’excursion. Car il est nécessaire, même si la course que l’on se propose de faire dans les Alpes ne doit durer que quelques jours, de se munir de choses indispensables, telles que viande froide, liqueur, sucre, pain, etc. En outre, Amédée, dont la passion pour la botanique grandissait, prendrait sa boîte en fer-blanc et l’eustache à l’aide duquel ils coupaient les racines des plantes qu’ils étudiaient.

Le soir, au souper, on causa du voyage. Le jeune garçon ne se sentait plus d’aise ; il en aurait à raconter pour des semaines et des mois. Dougaldine, elle, paraissait plus ou moins triste. Elle ne disait rien. De même, le docteur tomba bientôt sous l’empire d’un sentiment étrange, qui le tourmenta, et dont il ne put s’expliquer ni la raison ni la nature. C’était comme une sorte d’inquiétude, la vague appréhension que cette absence momentanée allait modifier ses relations avec la sœur de son élève ; en