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saire de la bataille de Sedan, on n’a joué que des traductions de pièces françaises ; de même à Vienne, où le célèbre Burgtheater n’a plus, sur ses affiches, que du Sardou, du Dumas, du Georges Ohnet et aussi de l’Émile Augier, le meilleur parmi les premiers. Dans les journaux, on se moque alors des dramaturges allemands et, cependant, si ceux-ci étaient français, ils seraient acclamés avec honneur par tout un public enthousiaste.

— Existe-t-il vraiment quelques drames allemands de réelle valeur ? demanda Dougaldine.

— Sans doute ! Je ne parlerai pas des écrivains contemporains, car on risque parfois de se tromper dans le jugement que l’on porte sur eux. Prenons seulement les auteurs de l’époque qui suit immédiatement Schiller et Goethe, et où nous voyons briller les Kleist, les Grillparzer, les von Grabbe, les Immermann, les Otto Ludwig et tant d’autres. C’est à peine si l’Allemagne les connaît. Aussi peut-on à bon droit accuser les Allemands de négliger leur littérature pour imiter, copier servilement celles de l’étranger.

— La conclusion de notre entretien serait donc, fit Dougaldine, avec un sourire, en se levant maintenant tranquillement, que les Français publient bien quelques ouvrages frivoles, mais que, cependant, ils ont un goût plus sûr, une nature plus affinée, plus délicate que les Allemands. Ceux-ci possèdent aussi d’excellents poètes, mais ils ne se soucient absolument pas de leurs œuvres.

— « Avec quelle concision s’exprime cet homme ! » est-il écrit quelque part dans un drame de Grillparzer, répliqua le docteur, en se levant également et lui renvoyant son sourire. Mais, vous aussi,