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armes d’objets utiles ou de questions pratiques. Bientôt même ils trouvèrent un terrain propice où ils purent se mesurer et où toujours ils se rencontrèrent en adversaires décidés. Dougaldine défendait l’éducation française ; le docteur Almeneur, tout en reconnaissant les qualités de cette dernière, penchait plutôt vers l’éducation allemande.

De même que toutes les jeunes filles des familles patriciennes, Mlle Fininger avait été élevée à la française. Aussi, depuis qu’elle était maîtresse de ses actions, elle ne lisait que des ouvrages édités sur les rives de la Seine ou sur les bords du Léman. C’est un de ces livres qui fut la cause de leur première dispute.

Un jour, le docteur rentrait d’une excursion faite avec son élève sur l’autre rivage du lac. Ils rapportaient, d’un jardin qu’ils avaient visité, quelques exemplaires de fleurs exotiques que Jean voulait utiliser pour une leçon sur les diverses parties de la plante. Contents de leur butin, le docteur et Amédée amarrèrent leur barque et se dirigèrent ensuite vers la villa, en passant près du kiosque où justement Dougaldine se trouvait, plongée dans la lecture. Au bruit de leurs pas, elle leva la tête et les aperçut. Elle essaya d’échapper à leurs regards. Mais, c’était déjà trop tard. Jean l’avait vue. Remarquant et s’expliquant son mouvement, loin de continuer son chemin, il s’arrêta devant la grille ouvragée qui protégeait cette légère construction et dit, après avoir salué la jeune fille :

— Je crains, mademoiselle, que vous ne vous fassiez mal aux yeux. Le format de votre livre est bien petit.