était entièrement bouleversé que dans toute autre direction. La face orientale, regardant Zermatt, paraissait, de la base au sommet, une falaise escarpée et polie, impossible à gravir. Les épouvantables précipices qui dominent le glacier de Z’Mutt interdisaient toute tentative de ce côté. Il ne restait donc que le côté du Val Tournanche. Aussi les premières tentatives faites pour escalader la montagne eurent-elles toujours le Breuil pour point de départ.
Ces premières tentatives, celles du moins dont j’ai entendu parler, furent faites par les guides ou plutôt par les chasseurs de Val Tournanche[1]. Partis du Breuil en 1858 et 1859, le point le plus élevé qu’ils atteignirent était à peu près à la même altitude que le passage appelé maintenant la « Cheminée, » c’est-à-dire à une hauteur de 3846 mètres. Ceux qui prirent part à ces expéditions, sur lesquelles je n’ai pu obtenir d’autres détails, étaient Jean-Antoine Carrel, Jean-Jacques Carrel, Victor Carrel, l’abbé Gorret, et Gabrielle Maquignaz.
La tentative suivante fut très-remarquable, mais aucune relation n’en a été publiée. Elle fut faite par MM. Alfred, Charles, et Sandbach Parker, de Liverpool, en juillet 1860. MM. Parker entreprirent, sans guides, d’enlever la citadelle en l’attaquant par la face orientale[2], celle-là même dont il vient d’être parlé comme d’une muraille de roches polies absolument impraticables. M. Sandbach Parker, d’après les notes qu’il m’a fournies, gravit avec ses frères l’arête située entre le Hörnli et le Cervin, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés au point où l’inclinaison devient beaucoup plus forte. Ce point est marqué 3298 mètres sur la carte de la Suisse par le général Dufour. MM. Parker furent alors obligés d’incliner un peu à gauche pour gravir la face même de la montagne, puis ils tournèrent à droite et s’élevèrent encore de 213 mètres, se tenant aussi près que possible du
- ↑ À proprement parler, il n’y avait pas de guides à cette époque dans cette vallée, à l’exception d’un ou deux Pessions et Pelissiers.
- ↑ La face orientale est représentée sur la grande gravure placée en regard de cette page. Elle est aussi représentée d’une manière plus accentuée sur la gravure du chap. XV.