elles auraient formé aisément trois volumes. En général, je n’ai insisté que sur les points saillants, abandonnant tout le reste à l’imagination de mes lecteurs auxquels j’épargne ainsi des répétitions inutiles.
En m’efforçant de rendre ce livre utile aux touristes qui désirent escalader des montagnes, soit dans les Alpes, soit dans d’autres pays, j’ai peut-être accordé une trop grande place à mes erreurs et à mes défaites. Aussi remarquera-t-on peut-être que dans la pratique je n’ai pas toujours été parfaitement d’accord avec mes théories ; en effet, j’ai soutenu dans un des premiers chapitres de ce volume que les dangers positifs ou inévitables des courses alpestres étaient presque insignifiants, et les dernières pages prouvent qu’elles peuvent faire courir les plus grands périls. La raison de cette contradiction est évidente ; je ne suis pas parfait. Si j’ai exposé franchement mes fautes, ce n’est ni pour qu’on les admire, ni pour qu’on les imite, mais pour qu’on les évite.
Mes escalades dans les Alpes ont été des récréations de vacances ; c’est à ce point de vue qu’elles doivent être jugées. Je n’en parle que comme d’un exercice corporel, agréable et utile. Il m’est interdit, je le crains, de faire goûter aux autres le plaisir qu’elles m’ont procuré. Les écrivains les plus éminents ne sont jamais parvenus et ne parviendront jamais à donner une véritable idée de la grandeur des Alpes. Les impressions que font naître les descriptions les plus détaillées et les plus habiles sont toujours erronées. Si magnifiques que soient les rêves de l’imagination, ils