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II
PRÉFACE.

m’avait causé le plus vif plaisir. Désireux d’étendre tout à la fois le cercle de mes connaissances et de mes jouissances, je me dirigeai vers le Cervin. Les impulsions mystérieuses qui déterminent les hommes à se précipiter dans l’inconnu m’avaient entraîné vers le Pelvoux. Cette montagne passait pour la plus élevée de la France, et, à ce titre seul, elle eût mérité toute l’attention d’un touriste ; en outre, elle était le point culminant d’un district très-pittoresque, offrant le plus haut intérêt, et demeure jusqu’à ce jour presque complètement inexploré. Le Cervin m’attira simplement par sa grandeur ; il était regardé comme la plus inaccessible de toutes les montagnes, même par les montagnards qui avaient gravi des sommets plus élevés. Les échecs successifs que j’essuyai n’eurent d’autre résultat que de m’exciter à faire de nouvelles tentatives, et, dès que je le pus, je revins, d’année en année, au pied du Cervin, de plus en plus résolu à me frayer un chemin jusqu’à la cime ou à prouver que l’ascension en était réellement impossible.

L’histoire de ces tentatives réitérées remplit une partie considérable de ce volume. Les autres excursions qui sont décrites ont quelque rapport plus ou moins éloigné avec le Cervin ou avec le Pelvoux. Toutes ces excursions sont nouvelles, c’est-à-dire faites pour la première fois, je crois pouvoir l’affirmer. Quelques-unes sont résumées très-brièvement ; d’autres, montée et descente comprises, n’occupent guère qu’une seule ligne. Si je leur avais donné tout le développement qu’elles comportaient,