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Le col de Talèfre.

CHAPITRE XIX.

LE COL DE TALÈFRE.

Celui qui découvrit le col du Géant était un habile montagnard. Ce passage — le premier par lequel on franchit la chaîne principale du Mont-Blanc — est encore aujourd’hui le chemin le plus facile et le plus direct pour se rendre de Chamonix à Cormayeur. J’en excepterai cependant le col que nous traversâmes pour la première fois le 3 juillet, et qui est situé à mi-chemin entre l’Aiguille de Triolet et l’Aiguille de Talèfre ; je l’ai appelé, faute d’un autre nom, le col de Talèfre.

Quand, du Jardin ou du Couvercle, on regarde l’extrémité supérieure du glacier de Talèfre, la vue est bornée par une arête qui paraît peu élevée. Cette arête est dominée par le massif colossal des Grandes Jorasses et par le pic presque aussi majestueux de l’Aiguille Verte. Elle n’est cependant pas trop à dédaigner. Son élévation n’est nulle part inférieure à 3530 mètres ; mais, à la voir, on ne lui attribuerait pas une hauteur aussi considérable. Le glacier de Talèfre s’élevant avec une inclinaison égale et constante, l’œil est complétement trompé.

Lorsque je parcourus ces parages, en 1864, avec M. Reilly,