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CHAPITRE XIV.

vous si je perds ces trois jours ici, car je dois être le 27 à Chamonix. »

Le raisonnement de Croz n’était que trop juste ; aussi étais-je très-irrésolu. Je comptais sur sa force athlétique pour quelques excursions qui devaient nous offrir des difficultés exceptionnelles. La neige, qui commençait à tomber, trancha la question ; je donnai l’ordre de la retraite. Nous descendîmes au Breuil, de là au village de Val Tournanche où nous passâmes la nuit ; le lendemain nous descendîmes à Châtillon, d’où nous nous rendîmes à Cormayeur en remontant la vallée d’Aoste.

Combien n’ai-je pas regretté que l’avis des guides eut prévalu en cette occasion ! Si Croz ne m’avait pas parlé ainsi, dans une excellente intention du reste, il serait encore vivant. Il nous quitta à Chamonix au jour fixé ; mais un hasard étrange nous réunit de nouveau à Zermatt trois semaines plus tard, et, deux jours après, il périssait sous mes yeux sur cette même montagne, dont nous nous étions éloignés, d’après son conseil, le 21 juin.