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CHAPITRE II.

glais commence à crier : « Nous ne rentrerons chez nous qu’au matin » — la gloire nationale occupant le premier rang dans les pensées de l’un et le home dans celles de l’autre. Le bâton fut exhibé, c’était une branche d’un jeune chêne, longue d’environ 4 mètre 50 cent., noueuse et tordue. « Monsieur, dit le maître de poste en nous la présentant, la France ! c’est la première… la première nation du monde, pour ses… » il s’arrêta. « Bâtons ? » lui soufflé-je « Oui, oui, monsieur ; pour ses bâtons, pour ses… ses… » mais il fut incapable d’en dire davantage. En regardant ce maigre support, j’eus un instant

Le Pelvoux, vu de la Bessée.


d’hésitation ; mais Reynaud, qui connaissait tout dans le village, choses et gens, me dit qu’il n’y en avait point de meilleur. Nous partîmes donc avec le fameux bâton, tandis que son propriétaire marmottait en titubant sur la route : « La France ! c’est la première nation du monde ! »

Le 3 août, Macdonald n’étant pas arrivé, nous partîmes sans lui pour la Vallouise. Notre expédition se composait de Reynaud, de moi, et d’un porteur, Jean-Casimir Giraud, le cordonnier de la Bessée, surnommé « Petit-Clou. » En une heure et demie d’une marche rapide, nous atteignîmes Ville-