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CHAPITRE VIII.

tres touristes, de bien des points éloignés, et elles avaient toujours paru très-élevées et inaccessibles ; mais nous n’avions pu obtenir sur aucune d’elles d’autre renseignement que les quelques mots contenus dans l’Itinéraire du Dauphiné (1er volume, Isère ; 2e volume, Drôme, Pelvoux, Viso, Vallées vaudoises), par Adolphe Joanne. Du col de Valloire, il nous sembla qu’on pourrait en approcher par la vallée de Valloire ; en conséquence, nous nous hâtâmes de descendre dans cette vallée, afin d’y chercher un lieu convenable pour y passer la nuit, aussi rapproché que possible de l’entrée de la petite vallée latérale qui remontait jusqu’aux Aiguilles.

Nous arrivâmes vers la fin du jour à l’entrée de cette petite vallée (vallon des Aiguilles d’Arve), et nous y trouvâmes quelques maisons situées juste à l’endroit où nous les cherchions. La propriétaire nous reçut avec bienveillance, et mit une vaste grange à notre disposition, sous la condition qu’on n’y allumerait aucune allumette et qu’on n’y fumerait pas une seule pipe ; dès que nous le lui eûmes promis, elle nous invita à entrer dans son propre chalet, alluma un grand feu, fit chauffer quelques pintes de lait et nous traita avec la plus cordiale hospitalité.

Le lendemain matin, nous reconnûmes que le vallon des Aiguilles d’Arve remontait à l’ouest de la vallée de Valloire, et que le village de Bonnenuit se trouvait situé, dans cette dernière vallée, presque en face de la jonction des deux torrents.

Le 21, à 3 heures 55 minutes du matin, nous nous mîmes en route pour remonter le vallon, traversant d’abord des pâturages, puis un désert pierreux, profondément raviné par les eaux. À 5 heures 30 minutes, nous découvrions parfaitement les deux Aiguilles principales et nous constations en même temps que les officiers chargés de lever la carte de l’état-major sarde avaient fait sur ce point, comme à peu près partout, un travail tout à fait fantastique.

Il nous fallut donc tenir conseil.

Trois questions furent posées : 1o Quelle est la plus élevée de

    qui se dresse au-dessus du col du Galibier. C’est le point le moins élevé d’où j’ai vu le sommet des Écrins.