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Car, enveloppés en vous, dorment de plus grands héros et de plus grands bardes,

Qui refusent de s’éveiller au contact d’un autre homme que moi.

C’est moi qui viens, femmes, je m’ouvre un passage,
Je suis sévère, âpre, large, inflexible, mais je vous aime,
Je ne vous fais pas plus de mal qu’il n’est nécessaire pour vous,

Je verse la liqueur d’où sortiront des fils et des filles à la mesure de ces États, je pèse d’un muscle lent et rude,

Je me noue de toute ma force, je n’écoute aucune prière,

Je n’ose pas me retirer avant d’avoir déposé ce qui s’était depuis si longtemps accumulé en moi.


À travers vous je fais couler les ruisseaux emprisonnés de mon être,
J’enferme en vous un millier d’années du futur,

Je greffe sur vous les greffes de ce qu’il y a de plus cher pour moi et pour l’Amérique,

Les gouttes que je distille en vos corps feront germer des femmes impétueuses et athlétiques, des artistes, des musiciens et des chantres nouveaux,

Les enfants que je procrée de vous doivent procréer des enfants à leur tour,

Je prétendrai alors que des hommes et des femmes accomplis sortent de mes épanchements d’amour,