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FEUILLES D′HERBES

L’heure ni le jour énigmatiques, ne mets ni segments ni parties,
Mets d’abord avant les autres comme lumière pour tous et chant d’introduction à tous,
               Celui des images.

               Toujours l’obscur commencement,
Toujours la croissance, le tour complet du cercle,
Toujours le sommet et l’immersion finale (pour resurgir fatalement),
               Images ! Images !

               Toujours le muable,
Toujours la matière qui change, s’émiette, se recompose,
Toujours les ateliers, les fabriques divines,
               Produisant des images.

               Voyez, moi ou vous,
Femme ou homme, État, connu ou inconnu,
Nous qui semblons bâtir richesse compacte, force, beauté,
               Ne bâtissons au fond qu’images.

               L’apparence s’évanouit,
La substance du rêve d’un artiste ou des longues études du savant,
Ou des efforts du guerrier, martyr, héros,
               C’est de façonner son image.

               De toute vie humaine,
(Les unités assemblées, inscrites, sans omettre une pensée, une émotion, un acte),
L’ensemble grand ou petit récapitulé s’additionne,
               Dans son image.