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Conformément à son dixième essai, l’usage qu’il fait du terme miracle après l’avoir défini, transgression d’une loi de la nature, montre clairement qu’il entendait y comprendre la nature humaine. « Nul témoignage, dit-il, ne peut suffire pour établir un miracle, à moins que ce témoignage ne soit lui-même de telle nature, que sa fausseté soit plus miraculeuse encore que le fait même qu’il s’efforce d’établir, » et immédiatement après il applique également à témoignage le mot prodige, qu’il fait constamment synonyme de miracle.

« Dans le raisonnement précédent, nous avons suppos que la fausseté d’un tel témoignage, serait un prodige. » Or, s’il avait eu l’intention de borner le sens de miracle et celui de prodige à une violation des lois de la matière seulement, l’épithète de miraculeux appliquée même hypothétiquement à un faux témoignage, serait aussi insignifiante que celle de Vert ou de Carré. Le seul sens que nous puissions donner même imaginairement au terme miraculeux appliqué à témoignage est celui de extrêmement improbable, de contraire aux lois de la nature relatives à la conduite humaine, et c’est aussi dans ce sens qu’il emploie le même mot tout de suite après. « Si quelqu’un me dit qu’il a vu un mort rendu à la vie, j’examine aussitôt en moi-même, lequel est le plus probable, que cette personne veuille me tromper, qu’elle-même ait été trompée, ou que le fait qu’elle raconte ait pu réellement arriver. Je contrepèse exactement l’un et l’autre miracle dans la même balance. »

(Hume, Essai sur les miracles.)