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des misérables restes de sa prétendue expédition de Russie, comment ils avaient laissé les cadavres de plus de 100,000 de leurs camarades, se blanchir sur les steppes glacées de cet affreux pays où les avait conduits sa folle ambition, et où son égoïste lâcheté les avait abandonnés ? De quelque côté que nous nous tournions pour trouver des circonstances qui nous aident à expliquer les événemens de cette incroyable histoire, nous n’en trouvons aucune qui n’aggrave son invraisemblance (i). S’il avait été question de quelque pays lointain, à une époque reculée, il eût été impossible de dire quelles circonstances particulières pouvaient rendre probable ce qui nous paraissait si étrange ; et cependant même, dans ce dernier cas, tout vrai sceptique, tout penseur et observateur indépendant, eût aussitôt rejeté une pareille histoire, comme indigne du moindre crédit.

Qu’aurait dit, par exemple, Hume ou tout autre philosophe de son école, si, dans les antiques annales de quelque nation, il eût trouvé un passage de la teneur suivante :

« Il y avait un certain homme, venu de Corse, son nom était Napoléon, et grand