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grès qu’y firent les grands et puissans états qu’on nous représente comme si aisément soumis par Bonaparte. Son empire a été comparé à l’empire romain ; mais quel contraste ! En quelques années il s’arroge la suzeraineté sinon la souveraineté de cette même Allemagne riche, civilisée et puissante, que les Romains, au zénith de leur puissance, n’avaient pu subjuguer en autant de siècles, n’ayant à lutter qu’avec les ignorans demi-sauvages qui l’occupaient alors.

Une autre circonstance particulière ! L’histoire de ce personnage extraordinaire, c’est de nous le représenter comme défait, dès que cela semble à propos, quoique ce ne soit jamais à demi, et sans l’envelopper dans une ruine plus soudaine et plus totale, s’il est possible, que celle d’aucun héros de véridique histoire ; cependant, aussitôt qu’on trouve convenable de le relever, cela se fait aussi vite et aussi complètement que si Merlin y prêtait sa baguette. Il pénètre en Russie à la tête d’une armée prodigieuse, qu’anéantit un hiver d’une rigueur sans exemple. (Tout ce qui se rapporte à cet homme est prodigieux et sans exemple.) Quoi qu’il en soit,