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toute atteinte à la vérité. Il est vrai qu’il leur échappe souvent de parler avec mépris de telle ou telle nouvelle de gazetier, oubliée aussitôt qu’apprise ; et en effet ils ne manquent pas, en moins d’un ou deux jours, de les voir démenties dans le même papier, ou leur fausseté démasquée par quelque journal du parti opposé. Néanmoins tout ce qui a été long-temps cru, tout ce qui a été souvent répété, surtout ce qui l’a été dans plusieurs versions différentes (quoique ouvertement l’écho l’une de l’autre), aura presque à coup sûr la sanction générale. D’où vient donc ce souverain respect servilement rendu de fait à l’autorité de journalistes ? S’imagine-t-on peut-être que parce qu’un témoin a été constamment surpris à tromper, il en sera plus digne de foi tant qu’il saura garder le masque ? ou bien serait-ce que pour rendre un conte plus croyable, il ne s’agît que de l’admettre et de le répéter à force. N’est-il pas, au contraire, unanimement reconnu en tout autre cas qu’un menteur ne veut jamais se désister, et qu’il répète à satiété ce qu’il a avancé ; par cela seul qu’il l’a avancé ?

Dépouillons-nous, s’il est possible, de cette