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il avait soufflé la lampe, pour ne pas voir sa femme en s’allongeant auprès d’elle. Il avait entendu Mattie aller et venir ; la faible clarté de sa chandelle, traversant l’étroit palier, lui arrivait par-dessous la porte. Jusqu’à ce qu’elle l’éteignît, il avait tenu les yeux fixés sur cette lueur à peine visible.

La nuit complète avait alors de nouveau rempli la pièce. On n’entendait plus que la respiration asthmatique de Zeena. Dans le cerveau fatigué d’Ethan s’agitaient confusément toutes les inquiétudes de la journée, mais le souvenir pénétrant du jeune bras qui s’était appuyé contre le sien dominait tout.

Pourquoi n’avait-il pas embrassé Mattie, quand elle était si près de lui ?… Quelques heures plus tôt, il ne se serait même pas posé la question. Quelques minutes même auparavant, alors qu’ils se tenaient tous deux à la porte de la maison, il n’aurait pas eu l’audace de songer à lui prendre un baiser. Mais depuis qu’il avait vu ses lèvres à la lumière de la lampe il sentait qu’elles étaient siennes désormais.

Maintenant, dans la pleine clarté d’un beau matin, il retrouvait devant ses yeux le visage de Mattie, ce visage qui, pour lui, se confondait avec l’éclat du soleil et la pureté de la neige.

Comme elle avait changé depuis son arrivée à Starkfield ! Lorsqu’il était allé à sa rencontre à la