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Ethan, dans l’obscurité, enfilait hâtivement ses habits.

— Soit, mais je n’ai pas le temps maintenant. Je suis déjà en retard, répondit-il, en examinant à la lumière sa vieille montre d’argent.

Zeena eut l’air d’accepter cette défaite. Elle garda le silence pendant qu’il passait ses bretelles et endossait sa veste ; mais, comme il se dirigeait vers la porte, elle lâcha d’une voix pointue :

— Ce n’est pas étonnant que vous soyez toujours en retard, maintenant que vous vous rasez tous les matins…

Cette sortie le déconcerta plus que toutes les vagues insinuations au sujet de Denis Eady. En effet, depuis l’arrivée de Mattie Silver, il avait pris l’habitude de se faire la barbe chaque jour. Mais sa femme semblait toujours endormie quand il se levait, dans l’obscurité des matins d’hiver, et il s’était sottement figuré qu’elle ne remarquerait pas ce changement. Une ou deux fois déjà il avait été vaguement inquiété par la manière dont Zeena, après avoir laissé passer certaines choses sans les relever, prononçait, des semaines plus tard, une petite phrase révélant qu’elle avait tout enregistré et jugé.

Ces derniers temps, néanmoins, il n’y avait pas eu place dans sa pensée pour de pareilles inquiétudes.